Vous pourrez découvrir ici les différentes positions de notre fédération ou bien, le cas échéant, de la Ligue de l’enseignement nationale, au gré de nos réflexions et de l’actualité…
Horrifiée, effrayée, meurtrie, la France s’est trouvée de nouveau dans la nuit du vendredi 13 novembre confrontée à une barbarie aveugle mais méthodique, irrationnelle mais ordonnée. Cette série d’attentats visait bien sûr la France dans sa lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme et sa politique au proche Orient, mais aussi et peut-être surtout, ce qu’elle représente encore, bien qu’affaiblie par ses dissensions internes, comme héritière des Lumières et symbole de la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » et comme un certain art de vivre.
Les jours d’avant, la France, pour une partie du moins, s’affrontait (notamment en ce qui concerne l’Education), s’invectivait avec des arguments assénés sans véritables débats, arguments souvent erronés, parfois falsifiés, dénonçant à tout va des effets sans analyse véritable des causes.
L’autre partie, la plus nombreuse peut-être, se réfugiait (et cela expliquant ceci) dans l’indifférence ou l’isolement. Ce climat délétère favorisait au gré des rumeurs, des incivilités et des faits divers, l’éloignement de l’autre, si ce n’est son rejet plus ou moins explicite, ainsi que le développement de réponses simplistes à des situations de plus en plus complexes.
Les jours d’après, il a fallu et il faudra encore affronter et surmonter la peur, la nécessité de la lucidité et d’une vraie solidarité. Il faut encore, plus qu’avant « raison garder ou la retrouver » même si déjà la « politicaillerie » et les insinuations sont réapparues plus rapidement que prévus.
Il faut se souvenir des vies brisées de toutes les victimes innocentes, des morts, des blessés handicapés à jamais, des traumatisés durablement et de la douleur de leurs proches. Il faut aider ceux qui restent à surmonter le deuil et continuer à vivre. Nous sommes tous, frères et amis dans cette souffrance. Il faut se souvenir, pour agir sans faiblesse mais avec raison et sans mettre en cause notre démocratie, en sachant éviter, malgré l’émotion, les précipitations, les amalgames et les anathèmes.
Nous, membres et militants de la Ligue de l’enseignement, devant ces crimes de « fanatisés » convaincus de posséder la vérité absolue et méprisant la vie de l’autre, jusque dans la façon de tuer, nous avons au moins une triple responsabilité.
D’abord, nous « citoyens éclairés », il nous faut, avec nos diversités, être partenaires engagés et solidaires dans le combat de la nation pour vaincre le terrorisme et interroger la réalité dans sa complexité.
Et puis, nous devons affirmer, vivre et faire vivre, dans notre vie quotidienne et nos activités, la Laïcité, principe universel et humaniste, comme fondement de la République et d’un vivre ensemble, le plus harmonieux possible.
Ensuite, et ce n’est pas enfin, il convient inlassablement de participer à la formation du citoyen « de l’enfant vers l’homme » et de chercher les chemins, que les discours n’ont plus, pour faire participer chacun, à l’acquisition et l’appropriation des valeurs fondamentales de « Liberté, Egalité, Fraternité » et à l’épanouissement de soi.
Il nous faut avec détermination et modestie, malgré toutes les difficultés et les peines, continuer les combats et affirmer l’espoir.
La vie continue
Guy Laurent
Président de La Ligue de l’enseignement des Hauts de Seine
Retrouvez la page :
Comment parler des attentats aux enfants et aux jeunes ?
Le 14 novembre 2015
La Ligue de l’enseignement et toutes les fédérations qui la composent adressent un message de solidarité aux familles des victimes des attentats perpétrés en Ile de France hier soir.
Nous devons être unis et résister au piège de la peur et son escalade de violences. Prises pour cibles, ce sont bien la démocratie et les valeurs républicaines qui nous permettront de faire face au terrorisme, en France et dans le monde.
Plus que jamais, l’époque est à une mobilisation internationale pour plus de justice et de démocratie.
Retrouvez le communiqué de presse de la Ligue de l’enseignement du 9 septembre 2015 :
Nanterre, le 12 janvier 2015
Ce n’était pas seulement un attentat contre la liberté d’expression visant symboliquement Charlie Hebdo et son équipe. C’était, la sanglante prise d’otages de la Porte de Vincennes visant symboliquement la communauté juive l’a montré, un crime contre l‘humanité. Un crime de fanatiques convaincus de posséder la vérité absolue et voulant l’imposer aux autres. Un crime de fanatiques méprisant la vie de l’autre jusque dans la façon de tuer.
Devant cette volonté de détruire cette lente conquête de la démocratie qu’est notre République, état de droit pour faire vivre le mieux possible la liberté, l’égalité, la fraternité, la France s’est levée. Avec émotion devant l’horreur, avec solidarité avec les victimes et leurs proches, mais avec conscience de devoir participer à la défense des valeurs qui permettent à chacun de vivre ensemble avec les autres le plus harmonieusement possible. Ce furent d’abord des rassemblements spontanés devenus de plus en plus nombreux et denses pour aboutir à la journée du dimanche 11 janvier. Toute la France, de toutes les couleurs, les convictions, les religions, et même de tous les pays, des millions de personnes se sont assemblés dans le calme et la dignité pour « Sur tous les horizons, sur l’avenir, Ecrire ton nom, LIBERTE. ». La riposte a été belle et massive. Nous y avons pris notre part. Mais « la bête n’est pas morte ». Il faut que l’empathie et la mobilisation des manifestations continuent.
Certes, il ne faut pas nier que l’union dans la rue ne fut pas l’unité, ni l’unanimité. Il y eut des hypocrisies, des non-dits, des refus, des réticences, dont les plus explicites eurent lieu dans les établissements scolaires. Il y aura encore, il y a déjà pour défendre des causes diverses, des expressions plus ou moins violentes voire sanglantes d’ostracisme et de fanatisme. Mais ce dimanche 11 janvier restera historique. Réconfortant. Pour montrer à tous les pessimistes et les défaitistes que les sursauts sont possibles et pour affirmer à elle-même et au monde que la France peut encore être la fille ainée du siècle des Lumières.
Certes, les petits jeux politiciens et du café du commerce ont déjà recommencé pour chercher et dénoncer les failles et les responsabilités des autres. Mais la première des failles, et elle ne peut pas être totalement surmontée, est que nous sommes un état de droit et de libertés. Les responsabilités, nous en avons chacun une part, individuellement ou collectivement dans nos lieux de vie ou d’engagement.
Mouvement d’idée et d’éducation populaire, la Ligue de l’enseignement et ses composantes ont beaucoup de questions à poser, à se poser. La première est sans doute « Comment se fait-il que de jeunes adultes, français, nés en France, scolarisés, éduqués, insérés en France en soient arrivés là… Pourquoi ? Comment ? ». Il faut tenter de comprendre, dans leurs histoires personnelles et celles de leurs environnements, ce qui les a menés à agir et leur en a donné les moyens.
Pour interroger la réalité dans sa complexité, chercher des réponses et entreprendre dans nos champs d’activités et en tant que citoyens et citoyennes, en se méfiant des jugements hâtifs et des mots employés, il ne faut pas rester isolé. Il faut continuer de marcher ensemble, comme dans nos cœurs et dans la rue. C’est à quoi nous devons nous employer maintenant pour affirmer notre permanent combat pour la citoyenneté et la laïcité.
Le Président,
Guy Laurent
Prise de position de la Ligue de l’enseignement nationale (8 janvier 2015)
Mobilisons-nous pour la liberté d’expression
L’ignoble attaque d’hier nous a rappelé à quel point ce qui nous semble acquis est toujours menacé. Le refus de l’autre, qui s’est manifesté hier dans sa forme la plus violente et la plus intolérable, est une des marques les plus flagrantes de l’obscurantisme.
La liberté d’expression et la liberté de penser, produits de longues luttes et piliers de notre République, sont à défendre et à promouvoir plus que jamais. Le principe de laïcité nous rappelle que la liberté d’expression et de pensée suppose le respect mutuel des convictions de chacun.
L’éducation peut et doit y concourir. Au-delà de l’émotion de l’instant, il faut continuer à se mobiliser pour, au travers de nos actions quotidiennes notamment auprès des jeunes générations, combattre la surenchère, les amalgames et préserver cette liberté publique fondamentale qui est le droit pour chacun d’avoir ses convictions propres et de les exprimer.
Nombre de nos pratiques d’éducation populaire y participent : éducation contre le racisme, lutte contre les stéréotypes et les discriminations, apprentissage du débat démocratique à l’école (conseils de jeunes, journaux scolaires, classes de découvertes, centres de loisirs…). Toutes nos actions à dimension sportives, de loisirs ou culturelles doivent être propices à créer ces espaces de délibérations pacifiés.
C’est également l’enjeu du nouvel enseignement moral et civique qui réaffirme le rôle décisif de l’école pour former à la liberté de penser, au respect et à la citoyenneté. Soyons unis pour relever ce défi.
Tribune parue dans Le Monde du 7 février 2014
Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement
La rumeur n’est jamais innocente. Notre histoire en est riche d’exemples. On a montré comment elle a accompagné le coup d’Etat de Napoléon III face à de prétendues tentatives d’attentat. Comment, après la défaite de 1870, des rumeurs de cannibalisme ont traversé certains villages de Dordogne à la recherche de boucs émissaires, justifiant des actes de barbarie. Cent ans plus tard, à Orléans, une rumeur antisémite a laissé croire que les cabines d’essayage de certains magasins de vêtements féminins étaient des pièges pour les clientes, livrées à la traite des Blanches. Cette « rumeur d’Orléans » continue de courir sous diverses formes.
Quand la rumeur s’est installée, l’ampleur du mensonge n’importe guère. Si la rumeur a pris, c’est que ses colporteurs ont suscité un réflexe de protection des familles, le plus souvent en créant une inquiétude irrationnelle. Une inquiétude telle que la diffusion de la vérité est rarement d’un secours suffisant. Une fois que la rumeur devient un phénomène social, nourri des conversations croisées, alors elle s’entretient elle-même, crépitant de son petit feu. Dans nos sociétés dans lesquelles certains médias sont chaque jour avides de nouvelles actualités et font peu de tri, ce feu s’allume vite et devient parfois un incendie. C’est le cas lorsque cette rumeur s’attaque à l’école publique.
Celle qui s’est propagée fin janvier dans plusieurs collèges à propos des modules ABCD de l’égalité a été une attaque organisée contre la République. Elle a été transportée par des SMS, envoyés en masse aux parents, appelant au boycottage de l’école, avec pour seul objectif de saper la confiance dans notre école publique. Les messages sont de pures élucubrations.
Rappelons les faits. Les modules se déroulent au primaire (et pas au collège) dans 600 classes volontaires. Ils prennent place dans les enseignements existants sur les savoirs de base. Ils sont adaptés selon les niveaux. Ils ont été conçus par des professionnels et des mouvements éducatifs, dont la Ligue de l’enseignement, pour permettre aux élèves de s’interroger sur leurs différences, dans divers contextes d’apprentissage : Est-ce qu’un chevalier a le droit d’avoir peur du noir ? Est-ce que les princesses peuvent aussi jouer un rôle dans leur propre histoire ? Comment organiser des jeux de ballon mixtes ? Voici les enjeux de ces modules.
LE RESPECT MUTUEL ET LE REFUS DE LA VIOLENCE
L’idée est de permettre aux enfants de s’émanciper des rôles que la société a tendance à leur assigner par avance et développer le respect mutuel et le refus de la violence. Les enseignants et les animateurs sont formés pour cela. Les contenus pédagogiques des ABCD et de bien d’autres programmes d’éducation à l’égalité filles-garçons s’intègrent pleinement à l’apprentissage des savoirs fondamentaux des jeunes élèves figurant dans le socle commun des compétences de base et de culture.
L’égalité et le respect ne sont pas une nouvelle matière, une nouvelle case à cocher dans les programmes. Ils sont une nouvelle dimension dans l’apprentissage des savoirs de base dans le cadre d’une école laïque. On est loin de la désinformation grossièrement mensongère, souvent haineuse, de ces derniers jours.
Des attaques de ce type, il en existe chaque semaine. Mais celle qui a concerné les ABCD de l’égalité n’est pas un épisode ordinaire pour deux raisons. La première, c’est que cette rumeur a eu une perfide efficacité, parce que plusieurs personnalités publiques ne se sont pas contentées de la diffuser, mais l’ont accréditée en alimentant un faux débat sur la prétendue théorie du genre. Il y a sans doute beaucoup de paresse dans les commentaires que nous avons subis pendant plusieurs jours sur ce nouvel épouvantail.
A l’école publique, les enseignants et les personnels ont pour mission de faire découvrir, partager et faire vivre les valeurs de la République. Ils l’ont fait de manière exemplaire en réponse aux rumeurs, et ce, le plus souvent, avec la confiance des parents, des élus locaux et avec le concours de nombreuses associations d’éducation populaire.
L’enjeu est de taille, car faire reculer les stéréotypes et les violences sexistes, c’est combattre les violences conjugales, qui frappent 400 000 femmes chaque année. Il s’agit également de faire disparaître les souffrances d’enfants victimes d’insultes sexistes dans les cours de récréation. C’est enfin faire progresser la mixité professionnelle et reconnaître que la diversité est une richesse, y compris pour les entreprises. C’est un combat qui mérite que chacun se mobilise et assume ses responsabilités.
Retrouvez la Tribune en entier ainsi que d’autres prises de paroles.
Texte voté à l’unanimité par le conseil d’administration de la fédération des Hauts de Seine de la Ligue de l’enseignement dans sa séance du 14 novembre 2013
Le 25 octobre 2013, le ministre de la Justice, Christiane Taubira, se déplace à Angers. Des opposants à la loi pour le mariage pour tous, votée par les deux chambres et promulguée, viennent manifester leur opposition à cette loi. Des enfants, entourés de leurs parents, brandissent des bananes et profèrent « la guenon mange ta banane ! » alors que d’autres manifestants scandent, c’est une habitude, « y a bon banania ! y a pas bon Taubira ! ».
Ce n’est pas qu’un dérapage de plus, particulièrement affligeant et déshonorant dans des débats politiques ou sociétaux qui se complaisent dans l’éructation, l’irrationnel, l’injure et les contre-vérités. C’est, à plus d’un titre, l’aboutissement d’un processus de dégradation et d’avilissement, dans notre pays notamment, du respect de l’autre et du vivre ensemble, des acquis de la civilisation.
On ne peut d’abord qu’être effaré de constater que des familles qui se disent vouloir défendre des valeurs traditionnelles et/ou chrétiennes, conduisent leurs enfants publiquement et sans doute avec l’espoir d’une grande publicité médiatique à manifester un tel mépris d’autrui.
On doit aussi constater avec tristesse le quasi silence sur cet événement de ceux qui prétendent avoir la charge de nous informer, de nous éveiller, de nous guider, alors que la plupart d’entre eux sont prompts ces temps-ci à jouer avec l’émotion, à invectiver, à mobiliser les réseaux sociaux et à pétitionner. Il a fallu, le vendredi 1er novembre la remarquable (mais violente) chronique matinale sur France Inter du comédien François Morel pour que se réveille un peu la presse nationale, Libération et le Parisien le mercredi 6, le Monde le vendredi 8.
Mais au-delà de ces considérations factuelles sur cet événement et sur beaucoup d’autres qui se produisent ces temps-ci, il nous faut nous interroger et analyser les raisons de cette libération de la parole raciste et de ces manifestations publiques et plus encore sur leur imprégnation dans la parole politique et dans l’action présente et à venir de ceux qui gouvernent, ou veulent gouverner, localement ou nationalement.
Les interrogations et les analyses doivent être plurielles et croisées. Il ne suffit pas d’incantations et d’anathèmes, de rejet de la faute sur le voisin. Nous sommes tous responsables, plus ou moins, certains plus, quelques-uns beaucoup plus… par nos indifférences, nos peurs, nos silences, nos égoïsmes, nos a priori, nos repliements.
Les manifestations du racisme sont nombreuses. Il n’y a pas que la parole qui rejette et humilie. Les manifestations de discrimination sont multiples (emploi, logement, éducation,….).
Le combat ne peut pas être que solitaire. Il faut s’assembler. C’est pourquoi, la ligue de l’enseignement des Hauts de Seine, mouvement de pensée et d’éducation populaire, en appelle à la conscience de chacun pour des réflexions et des actions individuelles et collectives. Il faut comprendre, s’indigner et combattre ensemble ces maux insidieux que sont le mépris de l’autre et la déraison, dont les humains ont pu vivre au cours des siècles bien des conséquences désastreuses et ignominieuses. Il est de la responsabilité de chacun de ne pas laisser s’installer le silence et l’indifférence face à ces maux.